MARIGNY: Monuments commémoratif aux victimes du 27 Août 1944
ICI SONT TOMBÉS 6 ENFANTS DE MARIGNY
MARTYRISÉS PAR DES MILICIENS
LORS DU PASSAGE D’UNE COLONNE ALLEMANDE EN RETRAITE
LE 27 AOÛT 1944
MORTS POUR LA FRANCE
CIVADE Francis Robert 28 ans
FEVRES Charles Louis 18 ans
MARCHAIS Jean Marie 19 ans
SIGNORET Marcel 32 ANS
TRICOT Albert Eugène 18 ANS
VENIAT René Baptiste 23 ANS







Une foule énorme a assisté, hier, à l’inauguration
Du monument aux six F.T.P.F. de Marigny
Fusillés par la horde milicienne, le 27 août 1944
Par Guy SERGINES
Malgré la chaleur torride, 5.000 personnes étaient hier présentes à l’inauguration du monument élevé dans le bois de Marigny, à la mémoire des six jeunes héros torturés et lâchement assassinés le 27 août 1944 par des miliciens lors du passage d’une colonne allemande en retraite.
Le service d’ordre fut parfait, et nous devons, sans attendre, féliciter les organisateurs. A 15 heures précises, fanfare de Souvigny en tête, interprétant une marche funèbre, un long cortège s’avance lentement. Un détachement du 121e R.I. rend les honneurs et de chaque côté du monument, voilé, se placent les autorités civiles, militaires et religieuses, les familles des victimes, les organisations politiques, de résistance et d’anciens combattants et, en bon ordre, la foule énorme.
Parmi les personnalités présentes, nous avons remarqué M. Fleury, Préfet de l’Allier, le colonel Jobin, commandant la subdivision de l’Allier, les commandants Brunot, de la Place de Moulins, et Walmetz, de la gendarmerie ; le capitaine Perrin de la Gendarmerie ; le Commandant Forestier, les adjoints et conseillers municipaux de Moulins, Parquet, Dubost, Loizel, Bodin, Fromageot ; M. Meysonnade, secrétaire général de la Mairie de Moulins ; M. Dussour, déporté rapatrié, maire d’Yzeure ; M. le Prince de Bourbon, déporté rapatrié ; M. le Curé de Marigny, représentant l’Evêque ; tous les maires des communes environnantes, entourés de leurs conseillers ; M. Soucachet, Président de l’Entr’Aide française et maire de Marigny , M. Marcel Guyot, déporté rapatrié, représentant le Parti communiste, les responsables des organisations de résistance et d’anciens combattants, etc …
LES DISCOURS
M. André Bellier, pendant que le socle du monument disparaît sous une accumulation de gerbes, prend la parole, au nom du Comité chargé de l’érection du monument, et remercie toutes les personnes qui ont contribué à cette œuvre de reconnaissance et de souvenir.
M. Soucachet lui succède et fait l’historique de cette journée du 27 août 1944, flétrissant l’acte abject des miliciens torturant, fusillant et détroussant les cadavres des six jeunes héros de Marigny, et conclue par un vibrant appel à l’union.
Le clairon sonne alors l’appel aux morts. Le monument est découvert « Ici sont tombés six enfants de Marigny, morts pour la France, martyrisés par des miliciens, lors du passage d’une colonne allemande en retraite, le 27 août 1944 » et les enfants des écoles répondent « Mort pour la France » à chacun des noms : Civade Francis, 28 ans ; Fèvres Charles, 18 ans ; Signoret Marcel, 32 ans ; Tricot Albert, 18 ans ; Véniat René, 23 ans ; Marchais Jean, 19 ans.
Après la minute de silence, M. Varenne prononce quelques mots au nom des anciens prisonniers de Marigny. M. Bodin, du Front National, lui succède, glorifie le sacrifice des six Francs Tireurs et Partisans Français et jure de continuer l’œuvre si vaillamment commencée, demandant que tout individu portant le nom de milicien reçoive la mort.
M. Branchard, Président du Comité de Libération de la Madeleine s’écrie : « Héros de France et du Bourbonnais, votre souvenir n’a cessé d’être présent à notre mémoire, votre exemple n’a cessé de nous tracer la route que nous devrions suivre pour rester dignes de vous ».
M. Ducat, au nom de l’Association Nationale des Amis des F.T.P.F. prend ensuite la parole. « Pour nous, dit-il, qui étions engagés contre l’ennemi dans une lutte inexorable où il fallait vaincre pour vivre, de tels actes de lâche assassinat, étaient la preuve éclatante de la vérité de notre combat, et nous confirmaient dans la certitude absolue de nos instructions qui disaient : La lutte coûte moins cher que l’acceptation passive de la servitude. Elle hâte en même temps l’heure de la Libération ».
M. Baquier, maire de Besson exalte le sacrifice des malheureuses victimes et demande à tous de consacrer leurs efforts à l’anéantissement définitif des dictatures.
Pas de pitié pour ces Français qui ont trahi leur Patrie et n’ont pas hésité, à la solde du boche, à martyriser et tuer d’autres Français, mais patriotes ceux-là, tel est le thème du discours de M. Jean Bonnet, représentant le Parti Communiste de Besson.
Après M. Capilion, M. Mitton, au nom des maquisards du canton de Souvigny, s’avance au micro et tire les leçons des sacrifice des résistants, morts pour que vive la France, au cours des années noires de la clandestinité et des jours glorieux de la libération.
Déporté rapatrié, le Pince de Bourbon unit avec émotion ceux qui ont tracé de leur sang le chemin de notre délivrance, et ceux qui sont morts, loin de leur Patrie, dans les camps de déportation, car tous ont tout sacrifié pour notre France,
M. Fleury, Préfet de l’Allier, cherchant à dégager la pensée de nos morts, fait ressortir la situation de la France à la Libération au triple point de vue : matériel, politique et moral. Sombre tableau, héritage de quatre années de destructions, d’oppression, de suspicion, de capitulation. Regardons aujourd’hui en arrière, et mesurons le chemin parcouru. Ce retour en arrière doit nous donner confiance pour l’avenir. Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire et pour accomplir notre tâche, nous devons serrer les dents. Il nous faut travailler, il nous faut produire. Avant tout, nous devons compter sur nous-mêmes pour notre propre relèvement.
Faisons nôtre la conclusion de M. le Préfet : « Que le monument élevé à la mémoire de nos camarades de Marigny, soit le symbole de la volonté de tous les Français de refaire une France neuve, une belle France, maîtresse de son avenir. Ainsi le sacrifice des enfants de Marigny n’aura pas été vain … »
Journal Valmy 9 juillet 1945